dimanche 2 mars 2014

32 - L'école et l'écolier (4ème partie)










Si nous relisions quelques histoires ?




-1-

Oui, le lendemain fut un grand jour. La rentrée en classe fut tumultueuse (1). Les livres étaient sur les tables, ouverts à la première page, bien avant que la maîtresse en eût donné l’ordre.

Le silence s’était miraculeusement(2) établi. Nous attendions avec émotion. 

Maman lut le texte en entier, de sa voix claire et vivante. Nous le vivions avec elle, nous étions suspendus à ses lèvres, nous ne la quittions pas des yeux.



-2-

Maman s’arrêta.

-Yves, commence à lire, dit-elle.

Je devins rouge jusqu’aux oreilles. Quel honneur et quel bonheur à la fois ! Le premier de tous, j’étais choisi pour lire dans le «Léontine».

Je commençai :



-3-
Le coucher



«Voici le soir.

Léontine a dîné. Elle quitte la table avec sa maman. Sautant comme un oiseau, elle s’approche de son papa, l’embrasse et lui dit, bien gentiment :

-Bonsoir, petit père !

Elle fait le tour de la table.

-Bonsoir, grand-mère ! Bonsoir, Paul ! Bonsoir, Marguerite !

Et chacun lui crie avec joie :

-Bonsoir, bonsoir !

Elle monte dans sa chambre, tenant la main de sa maman.

Elle enlève ses vêtements, et la voilà couchée dans son lit, la tête sur un bon oreiller.»




C’était délicieux.

-Continue, François, disait ma mère.

Et tous, retenant notre souffle, le doigt sur les mots, nous suivions passionnément tandis que François continuait :

«Pendant que sa maman arrange la couverture, Léontine lui dit d’une voix douce :

-Reste là, petite mère ! Reste encore un peu !

La maman met un baiser sur les yeux de sa fille, puis un doigt sur sa bouche :

-Chut ! il faut se taire, ma chérie. Il faut se taire, et dormir. Bonsoir !»



-4-

Nous restions sous le charme. Dans la classe, on n’entendait plus que le bruissement des pages que nous tournions ensemble.

C’est au tour de Calbrix, maintenant :

«Elle s’éloigne Elle emporte la bougie. Elle ferme doucement la porte. Il fait nuit dans la chambre.

Mais Léontine n’a pas peur Les yeux fermés, elle voit encore petite mère. Elle lui sourit et s’endort.»



-5-

«Léontine», que d’émotions charmantes nous te devons ! Que de joie introduite dans la classe par ce petit livre bleu ! Nous le lisions et le relisions. Je vous le dis : nous le savions par coeur.

Combien de nous se souviennent encore de l’âne de la mère Nanette, de la misère du père Durand, de l’histoire des petits ramoneurs !

C’était aussi la cigale et la fourmi, le loup et l’agneau, l’histoire dramatique du charretier brutal sauvé par son bon chien, celle du carreau cassé, de Paul l’étourdi, du porte-monnaie rapporté par un honnête ramoneur, c’était la visite de M. l’Inspecteur.


Georges Le Sidaner (A la Volette)







Le sens des mots

(1)Tumultueuse : pleine de tumulte, de bruit (à cause de la joie des enfants).

(2)Miraculeusement : comme par miracle, de façon extraordinaire.









Le sens du texte :

1/ A quoi voyons-nous l’émotion des enfants ?

2/ Comment s’explique le bonheur du petit Yves ?

3/ Que fait Léontine après dîner ?

4/ Que lui recommande la maman en arrangeant la couverture ?

5/ Que se passe-t-il lorsqu’elle s’est éloignée ?

6/ Quelles étaient les belles histoires du «Léontine» ?