samedi 13 juillet 2013

25-Têtes blondes et têtes blanches (Charles Wagner)



Charles Wagner (1852 -1918) 







Dans ce texte l’auteur fait un rapprochement entre l’enfant et l’aïeul, qui, ne pouvant se mêler au courant de la vie, restent le plus souvent ensemble au foyer.






Têtes blondes, têtes blanches



1/

La vie fait un sort analogue à l’aïeul et à l’enfant. Tous deux sont en dehors du grand courant, les uns pour en être sortis, les autres pour y être entrés. Pendant que l’adolescent court à ses plaisirs ou à ses travaux, que l’âge mûr est en pleine lutte, les vieillards sont à l’écart avec leurs souvenirs et les enfants avec leurs jeux. Quoi d’étonnant qu’ils se rencontrent ! C’est tout indiqué et c’était prévu.




2/

L’été, par les jours de grande presse, lorsque le foin sèche ou que la moisson appelle tous les bras valides, les champs fourmillent de travailleurs, mais les villages sont vides. Il n’y reste que les vieux et les petits enfants. Au pas des portes, sur des bancs de bois, se tiennent de vieilles femmes à la tête branlante. Des grands-pères, le menton appuyé sur leur bâton, regardent autour d'eux s’agiter des groupes d’enfants. C’est tout un monde en miniature qu’on peut observer là et qui donne le sentiment d’un grand calme et d’un repos bienfaisant.



3/ 

Les enfants sont avides d’histoires, les vieilles gens en ont leur sac plein. Raconter ce qui a été ce qui n’est plus, c’est leur faible. On leur rend service en les écoutant. Allons vers eux à l’âge où l’oreille est insatiable, où l’on dit toujours : Encore ! encore ! même lorsque les yeux sont pesants de sommeil.



4/

Aucun décor de théâtre, aucune savante ficelle ne vaut le fauteuil où s’assied le grand-père. Les plus grands des enfants sont rangés tout autour, les plus petits sur les genoux du conteur. Ils ont leurs yeux fixés sur les siens et la permission de jouer avec la pomme de sa canne ou de caresser sa barbe. Où peut-on être mieux ? Quand l’histoire se corse, quand elle vous fait peur, on  se blottit contre la poitrine de l’aïeul. Là, rien à risquer, on peut supporter en paix le récit des plus invraisemblables tragédies.  Nous en ont-ils conté des histoires sans nombre, sans fin, les chers vieux ! Nous en ont-elles chanté des berceuses et des légendes merveilleuses, les mères-grands !




C. Wagner (Autour du Foyer)







Explication des mots et des phrases


Sens des expressions en italiques

Sort analogue : vie semblable.

En dehors du grand courant : en dehors du train ordinaire du monde.

Adolescent : qui est dans la portion de la vie de quatorze à dix-huit ans.

L’âge mûr : l’âge de la pleine force, qui succède à la jeunesse.

Est en pleine lutte : en plein effort de travail.

Bras valides : aptes au travail.

Fourmillent : sont remplis.

Tête branlante : peu solide, qui branle.

Tout un monde en miniature : tout un monde en petit.

Avides : désirent ardemment.

Leur sac plein : expression figurée signifiant qu’ils connaissent beaucoup d’histoires.

C’est leur faible : ils aiment cela.

Insatiable : qu’on ne peut rassasier, satisfaire.

Pesants de sommeil : se ferment alourdis par le sommeil.

Aucun décor de théâtre : aucun ornement de théâtre.

Aucune savante ficelle : aucun des procédés habiles dont on se sert pour intéresser.

Se corse : devient captivante.

Invraisemblables : qui semblent n’être pas vraies.

Tragédies : évènements sanglants, de nature à épouvanter.

Berceuses : chansons, air pour endormir les enfants.

Légendes merveilleuses : récits où l’imagination et le surnaturel jouent un grand rôle.





Exercices :

«Têtes blondes et têtes blanches» : justifier le titre de ce texte.

Fourmillent : rapprocher fourmi et fourmilière.

Sens de l’expression : «le pas des portes».

Décomposer le mot : «invraisemblable».




Analyse des idées

Comment l’auteur explique-t-il que le sort de l’enfant et celui du vieillard sont analogues ?

Quelle description fait-il du village par les après-midi d’été ?

Quels sont les détails qui vous ont particulièrement frappés dans cette description ?

Quelle impression laisse-t-elle dans l’esprit de l’auteur ?

Les enfants et les vieillards aiment les histoires : est-ce de la même façon ?

Le dernier paragraphe contient un tableau délicieux : rapportez-en les détails.

Avez-vous aimé ce texte ? Pourquoi ?

Résumez-en le plan.