lundi 23 mars 2020

La langue de chez nous













LA LANGUE DE CHEZ NOUS



paroles et musique: Yves Duteil

C'est une langue belle avec des mots superbes Qui porte son histoire à travers ses accents Où l'on sent la musique et le parfum des herbes Le fromage de chèvre et le pain de froment Et du Mont St-Michel jusqu'à la Contrescarpe En écoutant parler les gens de ce pays On dirait que le vent s'est pris dans une harpe Et qu'il en a gardé toutes les harmonies Dans cette langue belle aux couleurs de Provence Où la saveur des choses est déjà dans les mots C'est d'abord en parlant que la fête commence Et l'on boit des paroles aussi bien que de l'eau Les voix ressemblent aux cours des fleuves et des rivières Elles répondent aux méandres, au vent dans les roseaux, Parfois même aux torrents qui charrient du tonnerre En polissant les pierres sur le bord des ruisseaux C'est une langue belle à l'autre bout du monde
Une bulle de France au nord d'un continent Sertie dans un étau mais pourtant si féconde Enfermée dans les glaces au sommet d'un volcan Elle a jeté des ponts par-dessus l'Atlantique Elle a quitté son nid pour un autre terroir Et comme une hirondelle au printemps des musiques Elle revient nous chanter ses peines et ses espoirs Nous dire que là-bas dans ce pays de neige Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout Pour imposer ses mots jusque dans les collèges Et qu'on y parle encore la langue de chez nous C'est une langue belle à qui sait la défendre Elle offre des trésors de richesse infinie Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre Et la force qu'il faut pour vivre en harmonie Et de l'Île d'Orléans jusqu'à la Contrescarpe En écoutant chanter les gens de ce pays On dirait que le vent s'est pris dans une harpe Et qu'il a composé toute une symphonie Et de l'Île d'Orléans jusqu'à la Contrescarpe En écoutant chanter les gens de ce pays On dirait que le vent s'est pris dans une harpe Et qu'il a composé toute une symphonie

N° 41 - Justice et fraternité (Charles Renouvier)



Charles Renouvier



Charles Renouvier, philosophe français, né à Montpellier en 1815, mort à Prades en septembre 1903, était le fils de Jean-Antoine Renouvier, député de l'Hérault de 1827 à 1834, et le frère de Jules Renouvier (1804-1860), représentant du peuple en 1848, connu comme l'auteur d'une Histoire de l'art pendant la Révolution française. Elève de l'Ecole polytechnique, Ch. Renouvier renonça à une carrière officielle pour se consacrer à l'étude. Il collabora à l'Encyclopédie nouvelle de Pierre Leroux et Jean Reynaud, et publia un Manuel de philosophie moderne (1842) et un Manuel de philosophie ancienne (1844). En 1848, il fut appelé par le ministre provisoire de l'instruction publique, Hippolyte Carnot, à faire partie de la Haute Commission des études scientifiques et littéraires, dont il fut au secrétaire (29 février) ; la présidence de la commission avait été donnée à Jean Reynaud.








Justice et fraternité


L'Elève : 

- Donnez-moi une règle pour juger mes actions.

L'Instituteur :

- Il en est une que vous portez en vous-même, et que je ne pourrais pas vous apprendre, si par malheur, vous l'ignoriez entièrement : c'est la justice. Ne faites point à autrui ce que vous ne jugeriez point devoir vous être fait. Faites pour les autres ce que vous jugez que les autres doivent faire pour vous. Je vous dirai encore ceci : la justice est une espèce d'égalité. Supposez vos semblables à votre place et mettez-vous à la leur ; jugez après. Lorsque vous vous demandez si vous devez faire ou ne pas faire quelque chose oubliez pour un moment votre intérêt, vos passions ; demandez-vous ce que vous penseriez de cette action si un autre la faisait. Alors vous serez juste, et vous aurez fait le premier pas dans le perfectionnement.

L'Elève :

- Ce n'est donc pas tout que d'être juste ?

L'Instituteur : 

- Non. La justice parfaite est le premier degré de la perfection ; mais après le premier, il y en a un second : c'est la parfaite fraternité.

L'Elève : 

- Qu'est-ce que la fraternité ?

L'Instituteur :

- La fraternité est un sentiment qui nous porte à ressentir tous les mêmes joies et les mêmes peines, comme si les hommes ne faisaient qu'un. Ainsi ceux-là sont frères, qui veulent partager les souffrances les uns des autres et qui dirigent leurs forces à se rendre heureux mutuellement. Soulager de leur fardeau les travailleurs dont la vie est trop dure, instruire les ignorants, ramener au sentiment du bien les coupables que la misère ou l'injustice ont égarés, voilà des actes de fraternité.

L'Elève :

- Je comprends maintenant ce que vous avez entendu par ce mot perfectionnement, et mon coeur me dit que vous ne vous trompez point. Toutes les fois qu'il m'est arrivé de me conduire ainsi, je me suis senti meilleur ou plus parfait. Mais vous m'avez dit aussi que je ne deviendrais vraiment heureux qu'en devenant meilleur. Voulez-vous m'expliquer ces parles ?

L'Instituteur :

- L'homme est destiné à la perfection, quoique la perfection ne puisse pas être atteinte en cette vie. De là vient que celui qui n'y vise point se dégrade, et la dégradation est le commencement du malheur. Si quelqu'un ne pratique pas la fraternité, il est bien près de devenir injuste, celui qui est injuste se laisse aller bientôt à tous les vices, et les vices le mènent à l'abrutissement et à la perversité. Nul pervers n'est heureux. Le méchant souffre, même au sein des richesses, et il n'y a jamais de paix pour son âme. Ainsi le bonheur ne se trouve sur la terre que dans l'accomplissement de la fin pour laquelle nous avons été créés, c'est-à-dire de notre action sur nous-même et sur nos semblables pour nous rendre tous meilleurs.




Sens des expression et des phrases en italiques


Une règle : un principe, une ligne de conduite.

Juger mes actions : les apprécier, en connaître le mérite ou le démérite.

Votre intérêt : votre avantage.

Vos passions : vos préventions, ce qui vous pousse à agir dans un sens plutôt que dans l'autre.

Perfectionnement : amélioration de soi-même.

Qui dirigent leurs forces : font tous leurs efforts.

Mutuellement : les uns les autres.

Perfection : le plus haut degré qu'on puisse atteindre dans la vertu.

Se dégrade : s'abaisse moralement.

Abrutissement : perte de l'intelligence.

Perversité : corruption, vice.



Analyse des idées



De quelles vertus est-il question dans ce texte ?

Quelles sont les règles de justice ?

Comment l'auteur montre-t-il que la justice est une espèce 
d'égalité ?

Quelle définition donne-t-il de la fraternité ?

Comment doit s'exercer la fraternité ?

Qu'est-ce que viser à la perfection de soi-même ?

Où l'auteur du texte place-t-il la source du bonheur ?





dimanche 22 mars 2020

40 - La nature (Victor Hugo) poésie









La nature


Tout est lumière, tout est joie.
L'araignée au pied diligent
Attache  aux tulipes de soie
Ses rondes dentelles d'argent

La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.

La rose semble, rajeunie
S'accoupler au bouton vermeil ;
L'oiseau chante plein d'harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.

Sous les bois, où tout bruit s'émousse,
Le faon craintif joue en rêvant ;
Dans les vers écrins de la mousse
Luit le scarabée, or vivant.

La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent ;
Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale
D'où la douceur du ciel descend.

La giroflée avec l'abeille
Folâtre en baisant le vieux mur ;
Le chaud sillon gaiement s'éveille
Remué par le germe obscur.

Tout vit, et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert.

La plaine brille, heureuse et pure ;
Le bois jase ; l'herbe fleurit.
- Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret et sourit.


Victor Hugo








Explications des mots et des phrases

Au pied diligent : dans la confection de sa toile, l'araignée va, vient sans cesse et opère avec diligence.

Tulipes de soie : la tulipe est une fleur dont les pétales doux et délicats peuvent être comparés à de la soie.

Dentelles d'argent : toiles d'araignée que le poète désigne ainsi sans doute parce que, sous l'effet de la rosée, elles apparaissent blanches comme l'argent.

Frissonnante : tremblante.

Mire : contemple dans l'eau.

Les globes de ses yeux : les yeux mêmes qui ont la forme d'un globe ou boule sphérique.

Splendide : magnifique.

Où pullule : où fourmille, se multiplie.

Tout un monde mystérieux : quantité d'êtres peu connus.

S'accoupler : se joindre.

Plein d'harmonie : d'un chant agréable.

Pleins de soleil : inondés de soleil.

Où tout bruit s'émousse : s'affaiblit.

En rêvant : en ayant l'air de songer.

Dans les verts écrins de la mousse : un écrin est un petit coffret pour renfermer les bijoux ; la mousse forme une sorte d'écrin où luit le scarabée, or vivant (insecte d'une couleur brillante).

Comme un joyeux convalescent : comme un malade heureux de retrouver la santé.

Ses yeux d'opale : de teinte bleuâtre, comme la couleur de la pierre nommée opale.

D'où la douceur du ciel descend : d'une douceur extrême, comme celle d'un beau soleil bleu.

En baisant le vieux mur : en frôlant, en touchant le vieux mur.

Le chaud sillon : le sillon échauffée par le soleil.

S'éveille : s'apprête à nourrir la plante.

Le germe obscur : le grain qu'on vient d'enfouir.

L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe : l'ombre disparaît en même temps que l'eau coule et passe.

Le bois jase : les oiseaux y chantent.

La nature sait le grand secret : le secret de la vie du monde, de l'origine des choses.





Analyse des idées : 

Qu'est-ce que la Nature ?

Quels sont les êtres, animaux, plantes, choses, que le poète met en scène dans sa description ?

A-t-il des raisons de choisir ces êtres plutôt que d'autres ?

Il caractérise chacun de ces êtres par une qualité, un état ou une action : montrer comment.

Quelle est la conclusion de cette poésie ?