jeudi 4 avril 2013

23-La vocation (Jules Claretie)








Arsène Arnaud Claretie, romancier, auteur dramatique, historien et chroniqueur de la vie parisienne, est né à Limoges (1840-1913). 


Charles Gounod








Charles Gounod (1818-1893) fut l’un des plus illustres musiciens du siècle dernier. Sa vocation pour la musique se manifestera alors qu’il était tout jeune. 

Jules Claretie raconte à ce sujet une intéressante anecdote.




Une vocation


Plan

1/ Les prévisions du proviseur

2/ Proposition de composer un air

3/ L’enfant le compose, le chante ; joie et réflexion du Proviseur

4/ A Saint-Eustache







1/

Les parents de Gounod s’inquiétaient de cette vocation artistique  et s’en plaignirent au proviseur du collège où se trouvait l’enfant. Ce proviseur était M. Poirson, qui les rassura.
«Lui, musicien ? Jamais. Je l’ai bien étudié ; il a le génie du grec, le sentiment de la latinité : il sera professeur.» Et il fit le jour même appeler son élève dans son cabinet.


2/

«On vous a, lui dit-il, surpris encore à griffonner dans vos cahiers des notes de musique.

- Oui, répondit Gounod, je veux être musicien.

- Allons donc, cher enfant, ce n’est pas un état. On ne se fait pas musicien comme on se fait soldat. Tenez, voilà du papier, une plume. Composez-moi un air nouveau, un air quelconque sur les paroles de Joseph : «A peine au sortir de l’enfance.» Nous allons bien voir.


3/

C’était l’heure de la récréation. Avant que la cloche de l’étude eût sonné ou que le tambour eût battu, Gounod revenait vers le proviseur avec sa page toute noire.

«Ah ! le pensum est achevé, fit M. Poirson ; déjà ?

- Ce n’est pas un pensum, dit Gounod.

-Et bien, voici mon piano, chantez.»

Et Gounod chanta. Le bon M. Poirson écoutait, étonné, remué, ravi. Tout à coup, les yeux pleins de larmes :

«Bah ! s’écria-t-t-il en se levant pour aller embrasser le jeune Charles, ils diront ce qu’ils voudront, fais de la musique.»

4/

Lorsque Gounod, premier grand prix de Rome, fit exécuter sa première oeuvre à Saint-Eustache, en rentrant chez lui, il trouva ce billet écrit, au crayon, de la main du vieux proviseur : «Bravo, cher homme que j’ai connu enfant !». M. Poirson était allé, sans rien dire, écouter, à l’ombre d’un pilier de l’église, la musique de celui qu’il avait appelé le Petit Charles, et qu’autrefois il avait non seulement connu, mais deviné.


Jules Claretie  (La vie à Paris)






Explication des mots et des phrases


Sens des expressions en italiques :


Vocation artistique : goût, disposition qu’on se sent pour les arts, musique, peinture etc...

Proviseur : chef d’un lycée.

Il a le génie du grec, le sentiment de la latinité : il annonce des dispositions pour l’étude du grec et du latin.

On ne se fait pas musicien comme on se fait soldat : il  y a autrement de difficultés pour pratiquer l’art du musicien, qui exige du génie, que pour être soldat, une profession que tout le monde peut remplir.

Pensum : surcroît de travail imposé à un écolier comme punition.

Etonnée : surpris : remué : touché, ravi : transporté de joie - Ces trois mots sont placés par gradation.

Saint-Eustache : église de Paris.






A propos du mot musicien, rapprochez
Muse et musique, 
Orphée et orphéon, 
ode et Odéon.

Expliquez les mots : 
artiste, orchestre, harmonie, fanfare, symphonie, opéra.






Analyse de idées


Pourquoi le texte est-il intitulé : une vocation ?

Les parents de Charles Gounod avaient-ils raison de s’inquiéter des dispositions de leur fils ?

Que pensez-vous de l’affirmation du bon proviseur : «Lui musicien ? Jamais... Il sera professeur !»

Comment expliquez-vous son émotion en entendant jouer le jeune Gounod ?

Que signifie sa réflexion : «Ils diront de qu’ils voudront, fais de la musique.» ?

Comment vous représentez-vous les personnages du récit ?

Faire un compte rendu oral.



Rédaction

Aimez-vous la musique ? Quel genre de musique ?

Avez-vous déjà assisté à l’exécution de beaux morceaux de musique ?

Connaissez-vous quelques morceaux ?

Chantez-vous quelquefois ?

Que représente la musique pour vous ?

Réfléchissez et dites cela tout simplement.





Charles Gounod :  Valse de Faust (extrait Faust - Opéra)


Peintures du diaporama : Renoir - A. Sisley - E. Degas