dimanche 22 mars 2020

40 - La nature (Victor Hugo) poésie









La nature


Tout est lumière, tout est joie.
L'araignée au pied diligent
Attache  aux tulipes de soie
Ses rondes dentelles d'argent

La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.

La rose semble, rajeunie
S'accoupler au bouton vermeil ;
L'oiseau chante plein d'harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.

Sous les bois, où tout bruit s'émousse,
Le faon craintif joue en rêvant ;
Dans les vers écrins de la mousse
Luit le scarabée, or vivant.

La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent ;
Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale
D'où la douceur du ciel descend.

La giroflée avec l'abeille
Folâtre en baisant le vieux mur ;
Le chaud sillon gaiement s'éveille
Remué par le germe obscur.

Tout vit, et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert.

La plaine brille, heureuse et pure ;
Le bois jase ; l'herbe fleurit.
- Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret et sourit.


Victor Hugo








Explications des mots et des phrases

Au pied diligent : dans la confection de sa toile, l'araignée va, vient sans cesse et opère avec diligence.

Tulipes de soie : la tulipe est une fleur dont les pétales doux et délicats peuvent être comparés à de la soie.

Dentelles d'argent : toiles d'araignée que le poète désigne ainsi sans doute parce que, sous l'effet de la rosée, elles apparaissent blanches comme l'argent.

Frissonnante : tremblante.

Mire : contemple dans l'eau.

Les globes de ses yeux : les yeux mêmes qui ont la forme d'un globe ou boule sphérique.

Splendide : magnifique.

Où pullule : où fourmille, se multiplie.

Tout un monde mystérieux : quantité d'êtres peu connus.

S'accoupler : se joindre.

Plein d'harmonie : d'un chant agréable.

Pleins de soleil : inondés de soleil.

Où tout bruit s'émousse : s'affaiblit.

En rêvant : en ayant l'air de songer.

Dans les verts écrins de la mousse : un écrin est un petit coffret pour renfermer les bijoux ; la mousse forme une sorte d'écrin où luit le scarabée, or vivant (insecte d'une couleur brillante).

Comme un joyeux convalescent : comme un malade heureux de retrouver la santé.

Ses yeux d'opale : de teinte bleuâtre, comme la couleur de la pierre nommée opale.

D'où la douceur du ciel descend : d'une douceur extrême, comme celle d'un beau soleil bleu.

En baisant le vieux mur : en frôlant, en touchant le vieux mur.

Le chaud sillon : le sillon échauffée par le soleil.

S'éveille : s'apprête à nourrir la plante.

Le germe obscur : le grain qu'on vient d'enfouir.

L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe : l'ombre disparaît en même temps que l'eau coule et passe.

Le bois jase : les oiseaux y chantent.

La nature sait le grand secret : le secret de la vie du monde, de l'origine des choses.





Analyse des idées : 

Qu'est-ce que la Nature ?

Quels sont les êtres, animaux, plantes, choses, que le poète met en scène dans sa description ?

A-t-il des raisons de choisir ces êtres plutôt que d'autres ?

Il caractérise chacun de ces êtres par une qualité, un état ou une action : montrer comment.

Quelle est la conclusion de cette poésie ?