dimanche 18 avril 2021

43 - Du discernement à apporter dans nos lectures et les objets de nos études (Pierre Nicole - 1625/1695)

 



Du discernement à apporter dans nos lectures 
et les objets de nos études








Il faut considérer que l’étude est la culture et la nourriture de notre esprit. Ce que nous lisons entre dans notre mémoire, et y est reçu comme un aliment qui nous nourrit et comme une semence qui produit dans les occasions des pensées et des désirs. Si l’on ne prend point indifféremment toute sorte d’aliments, et si l’on évite avec soin tous ceux qui nous peuvent nuire, si l’on ne sème pas dans ses terres toutes sortes de semences, mais seulement celles qui sont utiles, combien doit-on encore apporter plus de discernement à ce qui sert de nourriture à notre esprit, et ce qui doit être la semence de nos pensées ? Car ce que nous lisons aujourd’hui avec indifférence se réveillera dans les occasions, et nous fournira, sans même que nous nous en apercevions, des pensées qui seront une source de bien ou de mal. Mais, dans la nourriture du corps, l’on distingue d’ordinaire par le goût même ce qui nuit à la santé. Il n’en est pas de même dans les aliments de l’âme. Nous n’avons point naturellement de goût spirituel, qui distingue les bons aliments des mauvais. Nous trouvons même quelquefois les poisons plus agréables que les meilleures nourritures, tant notre goût spirituel est corrompu. Et ainsi il faut suppléer par une attention toute particulière à cette corruption de notre esprit, et c’est une des manières dont nous devons pratiquer cet avertissement du Sage : « Appliquez-vous avec tout le soin possible à la garde de votre coeur». Ce qui nous doit porter à veiller avec soin sur tout ce qui entre dans un vase si précieux.



Pierre Nicole