mercredi 27 février 2013

20-Si j'étais fée (Frédéric Passy)

















Plan

1/ Je répandrais le calme et le bonheur : comment ?

2/ L’humanité ne ferait qu’un seul corps : comment ?

3/ Mais je ne suis pas fée : alors...







Si j’étais fée


-1- 

Si j’étais fée, oh ! sur la terre entière
Je répandrais le calme et le bonheur ; 
Je laisserais les enfants à leur mère,
Je laisserais à la tige sa fleur.
L’agneau timide au bord de la rivière
Au nez du loup viendrait boire sans peur ;
Pour l’écolier et pour le chat voleur
Le nid bavard serait chose sacrée ;
Et le lapin, sur l’herbe parfumée,
Tranquillement se rirait du chasseur,
Si j’étais fée.


-2-

Si j’étais fée, à l’abri des alarmes
Le laboureur ouvrirait ses sillons ;
Faucille et faux seraient ses seules armes,
Son seul butin l’or pur de ses moissons.
Pour le travail, qui les rend solidaires,
Les nations unissant leurs efforts,
S’empresseraient d’abaisser leurs frontières
L’humanité ne ferait qu’un seul corps.
Tous s’aimeraient, et la haine étouffée
Ne serait plus qu’un posthume remords,
Si j’étais fée.


-3-

Si j’étais fée, ai-je dit ; mais hélas !
Je vois trop bien que je ne le suis pas.
On a perdu la magique baguette.
Les hommes sont jaloux et querelleurs ;
Les nations, qui devraient être soeurs,
S’abandonnant à leur rage inquiète,
A s’entre-nuire appliquent tout leur soin,
Et l’âge d’or que je rêve est bien loin.
Et je soupire, en cherchant dans mon coin
Comment guérir notre race insensée :
Si j’étais fée !...

F. Passy






Explications des mots et des phrases


Sens des expressions en italiques :

Fée : être imaginaire, du sexe féminin, auquel on attribuait un pouvoir surnaturel.

Le nid bavard : où chantent les oiseaux.

Chose sacrée : respectable.

Se rirait : n’éprouverait aucune crainte.

Alarmes : craintes vives.

Butin : récolte.

Solidaires : de solidarité, unies, dépendantes les unes des autres.

D’abaisser leurs frontières : expressions figurée, pour dire qu’elles cesseraient de se haïr et se rapprocheraient les unes des autres.

La haine étouffée : toute aversion des peuples ayant disparu.

Posthume remords : remords, regret qui vient après.

Magique baguette : celle avec laquelle les fées opéraient leurs miracles.

S’abandonnant : se livrant.

A leur rage inquiète : à leur amour de la guerre.

S’entre-nuire : se nuire entre elles.

L’âge d’or : de la paix universelle.

Race insensée : absurde, déraisonnable.







Exercices

1/ Comparer calme et bonheur.

2/ Rétablir l’ordre grammatical dans les constructions inverses du poème.

3 Relever les expressions figurées.








Analyse des idées


Première strophe

Quel est le vers qui résume la pensée de cette première strophe, et quels sont les deux mots qui condensent cette pensée ?

Quel tableau l’auteur trace-t-il ?

Commenter ce vers : Je laisserais les enfants à leur mère.


Deuxième strophe

Trois idées y sont exposées : lesquelles ?

Quels sont les trois mots qui les résument ?


Troisième strophe

L’auteur exprime un regret : lequel ?

Il fait une pénible constatation : laquelle ?

Quel est le mal dont il voudrait guérir notre race insensée ?

En définitive, ce poème est un plaidoyer en faveur de quoi ?








Rédaction

Que feriez-vous si vous étiez Fée ? Développer votre pensée.