jeudi 5 décembre 2019

39 - L'huître et les plaideurs (Boileau) Fable





L'huître et les plaideurs


Un jour, dit un auteur n'importe en quel chapitre,
Deux voyageurs à jeun rencontrèrent une huître.
Tous deux la contestaient, lorsque, dans leur chemin,
La Justice passa, la balance à la main.
Devant elle, à grand bruit, ils expliquent la chose ;
Tous deux, avec dépens, veulent gagner leur cause.
La justice, pesant ce droit litigieux,
Demande l'huître, l'ouvre, et l'avale à leurs yeux.
Et, par ce bel arrêt terminant la bataille ;
"Tenez : voilà, dit-elle, à chacun une écaille ;
Des sottises d'autrui nous vivons au Palais.
Messieurs, l'huître était bonne. Adieu. Vivez en paix".


Boileau






BOILEAU


Né à Paris, le 1er novembre 1636.
Il fut appelé Despréaux tant que vécut son frère aîné, l’académicien Gilles Boileau avec qui il fut presque toujours brouillé. Il lut ses premières satires à l'hôtel de Rambouillet et se fit dès ce moment des ennemis irréductibles, notamment Cassagne et l'abbé Cotin qui le critiquèrent ; de là date la haine qui inspira à Boileau tant de traits qui sont dans toutes les mémoires. Les ennemis de Boileau trouvèrent un protecteur dans le duc de Montausier qui se croyait le défenseur naturel des poètes qui avaient fréquenté l’hôtel de Rambouillet et rimé la Guirlande de Julie (Julie d'Angennes, duchesse de Montausier).
Boileau publia avec un grand succès, ses premières satires en 1666. Il ne songeait pas à se présenter à l'Académie où il avait beaucoup d'adversaires, mais il céda au désir que lui exprima Louis XIV de le voir entrer dans cette Compagnie. Benserade et ses amis que Boileau avait cruellement raillés lui opposèrent La Fontaine qui fut élu ; Louis XIV manifesta son mécontentement en retardant l'acceptation du nouvel académicien et Boileau fut élu à l'unanimité à la première place vacante, qui fut celle de Bazin de Bezons le 24 avril 1684 ; il fut reçu le 3 juillet par l'abbé de La Chambre. Patru, sur la fin de sa vie, était tombé dans la misère ; Boileau le secourut noblement en achetant ses livres qui allaient être vendus, et en lui en laissant la jouissance.
Boileau fut, avec Racine, historiographe du Roi ; leurs manuscrits, confiés à Valincour, brûlèrent dans un incendie en 1726. Boileau fut, également avec Racine et Mme Dacier, l'un des chefs du parti des anciens ; il fut aussi l'ami de Molière, de La Rochefoucauld, de Lamoignon, de Condé, et fréquenta le salon de Ninon de Lenclos.
Il fit partie de l'Académie des Inscriptions. Il a laissé les Satires, des Épîtres, le Lutrin, l'Art Poétique et une traduction de Longin. Il essaya d'obtenir la soumission de Furetière.
Lorsque le maréchal de Villars voulut offrir son portrait à l'Académie, Valincour, pour maintenir le principe d'égalité entre les grands seigneurs et les gens de lettres, fit don à la compagnie des portraits de Boileau et de Racine.
Mort le 11 mars 1711.