dimanche 2 mars 2014

32 - L'école et l'écolier (2ème partie)








La classe du matin chez les petits


On nous avait donné un livre et un cahier couverts de papier bleu... Petit à petit, nous devenions sages. Nous écoutions, les bras croisés. Maman allait vers ses tableaux, en tournait un et nous restions là,bouche bée, dans l’extase de savoir ce que serait la leçon de ce matin.

C'étaient des dessins, des lettres assemblées avec de la craie rouge, blanche, verte ou bleue. Le son a étudier était détaché...

Puis, la leçon finie, nous nous appliquions à reproduire les mots qui venaient d’être appris.

La poule rouge a couvé : et nous dessinions la poule et les poussins, et le poulailler, et la fermière...

«Prenez vos cahiers, disait la maîtresse.»

Nous avions des cahiers à deux lignes, coupés par le milieu. Beaucoup d’entre nous avaient la haute faveur d’un porte-plume et le droit d’écrire à l’encre. Vous dire ce qu’on était fiers ! Moi, j’avais un porte-plume en bois colorié de rouge avec une plume jaune. Lorsque la plume est neuve, il faut la sucer pour que l’encre y tienne.

Certes, les doigts prenaient un peu d’encre ; mais n’empêche, tout allait bien et nous étions ravis.

Moi, j’étais à côté de Calbrix. Calbrix était un garçon rieur et de bon caractère. Il avait une grande qualité. Il écrivait bien. C’était un bon cahier ; le meilleur cahier, peut-être, de la classe, et je voyais avec envie ses doigts habiles tracer précieusement les lettres, alors que les miennes ressemblaient malgré mes efforts, à des pattes de mouches contournées...

Nous comptions avec des marrons ramassés dans la cour et enfilés par dizaines dans une ficelle. Chacun avait ses dizaines et, à l’ordre de la maîtresse, nous faisions de savantes et rapides opérations...

Et le temps passait ainsi, plein d’intérêt et de sciences nouvelles que nous avalions comme de jeunes loups. Les heures s’écoulaient à une vitesse folle. A peine la détente de la récréation était-elle prise que nous devions partir. C’était onze heure et demie...

Maman et moi, nous nous dépêchions de retourner à la maison. On sautait chez Mme Pomel, la boulangère.

- A-t-il bien travaillé, ce petit-là ? demandait l’excellente femme.

- Hum ! Oui, à peu près, disait ma mère.

Et j’avais droit à une galette ou à un pain aux raisins.

- Remercie Mme Pomel. Tu le mangeras à quatre heures.

Mais je le grignotais en cours de route.

Nous mettions la table ensemble. Père allait arriver. J’entendais la sonnette de sa bicyclette, je me jetais dans ses bras. Il frôlait ma joue de sa moustache humide et racontait mille histoires. Maman lui répondait d’un air préoccupé. Il fallait retourner en classe pour une heure et demie. C’était court.

- Allons, vite, disait ma mère. Vite, prépare-toi. Va te laver les mains.

Et nous nous remettions en chemin.

G. le Sidaner

(À Suivre)








LE SENS DES MOTS

1/ Bouche bée : béante, grande ouverte.

2/ Extase : ravissement, grande admiration.

3/ Précieusement : comme si les lettres avaient été une chose précieuse, d’un grand prix.







LE SENS DU TEXTE


1/ A quoi voyons-nous que la leçon de lecture enchante les petits ?

2/ Que dessinaient-ils ? Où écrivaient-ils ?

3/ Quelle était la grande qualité de Calbrix ?

4/ Pourquoi le temps passait-il vite ?

5/ Où passaient Yves et sa mère en rentrant à midi ?

6/ Pourquoi fallait-il faire vite ?





Préparation d’un compte rendu de lecture.


Répondez aux questions ci-dessus, de façon à résumer la lecture en dix lignes.