La joie de lire dans le Léontine
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- Rendez vos livres, dit un jour la maîtresse à sa classe, vous en aurez un autre.
- C’est-il des histoires, madame ? interrogeaient les camarades.
- Oui, vous verrez, ce sont des histoires.
Nous attendions avec délices, et chacun de nous reçut un livre à couverture bleue sur lequel on voyait l’image d’un écolier au cartable suspendu dans le dos...
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Nous feuilletions déjà impatiemment les pages, en bavardant avec le voisin.
- Regarde, disait Calbrix, les petits ramoneurs. Comme ils sont noirs ! oh ! le chien qui sauve son maître ! Regarde ! Le carreau cassé.
L’image représentait un groupe d’écoliers devant une fenêtre dont un carreau était cassé. Le maître semblait courroucé(1), les élèves, le nez en l’air, inquiets ; et nous regardions cela tous les deux, Calbrix et moi, inquiets nous aussi et nous sentant presque coupables.
Autour de nous, les camarades chuchotaient avec exaltation(2) :
- C’est le «Léontine», dis donc. As-tu vu ? C’est le «Léontine». Est-ce que c’est le «Léontine», madame ?
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Un «oh !» admiratif jaillit(3) de nos poitrines. La maîtresse nous avait souvent dit : «Quand vous lirez convenablement, je vous donnerai le «Léontine».
Les camarades plus âgés nous avaient avertis : «Ah ! oui, mon vieux, tu verras, le «Léontine», c’est chouette !»
Le «Léontine» était tout simplement un recueil de «Lectures Enfantines» d’un auteur qui s’appelait Devinat, et dont chaque récit nous laissait un enchantement profond et durable. Actuellement, j’en sais encore des passages par coeur.
Le soir, comme un trésor, chacun peut emporter à loisir(4) le «Léontine» chez soi.
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Le lendemain était attendu comme un grand jour. Chacun avait couvert ou fait couvrir son «Léontine» d’un papier protecteur ; et je gage(5) que, dans bien des familles, ce fut le père qui, sous la lampe, se plongea avec délices dans ces courtes et émouvantes histoires d’enfance. Lui, autrefois, avait lu «Le Tour de France».
De temps à autre, il devait dire à son fils qui s’impatientait pour qu’on lui rendît son livre :
-Tiens, lis-moi ceci.
Et le petit ânonnait, car c’était difficile.
A. Le Sidaner
(A suivre)
Le sens des mots
(1) Courroucé : en courroux, en colère.
(2) Avec exaltation : avec une grande animation, une grande excitation.
(3) Jaillir : sortir avec force (comme fait un liquide).
(4) A loisir : à son aise.
(5) Je gage : je donne un gage, je parie.
Le sens du texte :
1/ Quel livre reçut chaque enfant ?
2/ Citez quelques-unes des gravures de ce livre.
3/ Qu’était-ce donc que le «Léontine» ?
4/ Que se passa-t-il ce soir-là dans les familles ?
Exercices :
1/ Préparation au compte rendu de lecture :
Donnez en une phrase un titre à chacun des quatre numéros de la lecture.
2/ Rédaction :
Présentez un des livres de classe que vous préférez (son titre et sa couverture, les gravures, le texte, les histoires.... ).