Auteur
Alphonse Daudet
Quelques oeuvres :
Le Petit Chose
Tartarin de Tarascon
Lettres de mon Moulin
Contes du Lundi
La Mule du Pape
L’Arlésienne
Dans un style plein de couleur, tout imprégné du "parfum des Alpes" et de l'éclatante lumière de la terre de Provence, Alphonse Daudet, décrit le retour d'un troupeau en automne.
La rentrée du troupeau
PLAN
1/ Un usage en Provence
2/ L’Attente
3/ Le troupeau
4/ L’émoi dans la maison
1/
Il faut vous dire qu’en Provence c’est l’usage, quand viennent les chaleurs, d’envoyer le bétail dans les Alpes. Bêtes et gens passent cinq ou six mois là-haut, au premier frisson de l’automne, on redescend au mas, et l’on revient brouter bourgeoisement les petites collines que parfume le romarin. Donc hier soir les troupeaux rentraient.
2/
Depuis le matin, le portail attendait ouvert à deux battants ; les bergeries étaient pleines de paille fraîche. D’heure en heure, on se disait : «Maintenant ils sont à Eyguières, maintenant au Paradou.» Puis tout à coup, vers le soir, un grand cri : «Les voilà !»
3/
Et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s’avancer dans une gloire de poussière. Toute la route d’abord, la corne en avant, l’air sauvage ; derrière eux, le gros des moutons. Les mères un peu lasses, leurs portant dans des paniers les agnelets d’un jour qu’elles bercent en marchant, puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu’à terre : et deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tobent sur les taons comme des chapes. Tout cela défile devant nous joyeusement et s’engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d’averse.
4/
Il faut voir quel émoi dans la maison ! Du haut de leurs perchoirs, les gros paons vert et r, à crête de tulle, ont reconnu les arrivants et les accueillent par un formidable coup de trompette. Tout le monde est sur pied, pigeons, canards, dindons, pintades. La basse-cour est comme folle, les poules parlent de passer la nuit. On dirait que chaque mouton a rapporté dans sa laine, avec un parfum d’alpe sauvage, un peu de cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser.
C’est au milieu de tout ce train que le troupeau gagne son gîte.
A. Daudet (Lettres de mon Moulin)
EXPLICATIONS DES MOTS ET DES PHRASES
Sens des expressions en italiques :
A la belle étoile, en plein air, campés sur les hauteurs.
Premier frisson de l’automne, les premiers froids.
Mas, ferme dans le Midi.
Brouter bourgeoisement, manger l’herbe simplement.
Portail, entrée principale.
Gloire de poussière, expression figurée : le troupeau s’avançaient lentement, gravement dans un nuage de poussière.
Coquins, mot employé ici par plaisanterie.
Drapés, entourés de leurs manteaux.
Cadis, une sorte de tissu de laine.
Chapes, sorte de grands manteaux qui s’agrafent par devant.
S’engouffre, s’enfonce, pénètre.
Emoi, émotion.
Formidable, épouvantable.
En sursaut, brusquement.
Grise, qui cause une demi-ivresse.
Train, mouvement.
ANALYSE DES IDEES
Quelle impression vous laisse ce texte ?
Où se passe la scène ?
Combien de parties sont contenues dans ce texte ?
De ces parties, quelle est la plus importante ?
Quel usage existe en Provence ?
Comment se prépare-t-on à recevoir le troupeau ?
Dans la description du troupeau, que met en scène l’écrivain ?
Comment décrit-il l’émoi qui règne dans la ferme ?
REDACTION
La Provence, quels souvenirs, tant historiques que géographiques, évoque en vous ce nom.