jeudi 20 décembre 2012

7-L'éducation en plein air (Edmond About)

Auteur


Edmond About

FEAX1




Edmond About (1828-1885) est né à Dieuze en Moselle.
Ecrivain, journaliste, critique d’art français, il fut membre de l’Académie Française.








L’éducation en plein air


 Daniel Gerhartz 




Plan

1/ Comment mon père comprenait l’éducation

2/ Comment il m’instruisait

3/ Comment il me récompensait




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1/
Mon père m’accoutumait doucement, patiemment, à voir et à penser par moi-même, au lieu de m’imposer ses idées, que mon humeur docile et soumise eût aveuglément acceptées... Jamais je n’ai vu professeur plus modeste et moins dogmatique. Il n’affirmait pour ainsi dire rien, et se contentait d’attirer mon attention sur les choses, sans dire ce qu’il en savait.

2/
Quand nous entrions dans un bois, par exemple, il me donnait une leçon à chaque pas, et je ne me sentais point à l’école. J’avais pris insensiblement l’habitude d’étudier les couches du terrain, chaque fois qu’un talus les mettait en lumière. Je nommais les animaux et les plantes, par leurs noms, je les classais en tâtonnant un peu, et il me laissait faire, sauf à me ramener d’un mot ou d’un sourire lorsque je m’égarais.

Il avait le don de tout envisager au point de vue pratique : il distinguait soigneusement les animaux utiles des animaux nuisibles, et j’appris de bonne heure à respecter la taupe, le crapaud, la chauve-souris, la couleuvre, les animaux insectivores et tous nos amis méconnus.

Je désignais exactement, grâce à lui, les diverses essences de bois, leurs qualités, leurs prix ; on ne m’eût pas trompé de beaucoup sur l’âge d’un chêne, et quand j’étais resté sur mes petites jambes pendant une minute ou deux devant un vétéran de la forêt, j’étais capable de vous dire, à peu de chose près, combien de stères il pouvait donner, tant en bois d’oeuvre qu’en bois de chauffage.

3/
Au bout de ces petites classes en plein air, il y avait toujours une récompense. Je ne rentrais jamais à la maison sans rapporter un bouquet de violettes, une botte de digitales, ou un fagot de bruyères roses pour maman, selon que nous étions au printemps, en été ou en automne. Au temps de la sève montante, papa me fabriquait des flûtes ou des sifflets taillés dans l’écorce du saule, et des canons en bois de sureau. Nous faisions des récoltes de fraises en juin, de framboises en juillet, de mûres à la fin août, et mon père les logeait dans de jolies boîtes rouges et blanches, aux dépens d’un merisier ou d’un bouleau qu’il écorçait.


(R. About - Le roman d’un brave homme)


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Explication des mots et des phrases



Sens des expressions en italiques :



M’accoutumait, m’habituait.

Imposer, obliger à accepter ses idées.

Mon humeur docile et soumise, mon caractère naturellement obéissant.

Eût aveuglément acceptées, sans chercher à voir si elles étaient justes.

Dogmatique, qui impose ses idées.

Talus, surface en pente.

En tâtonnant, en hésitant.

Le don de tout envisager au point de vue pratique, c’est-à-dire que tout naturellement, sans effort, il apercevait dans les choses ce qu’elles avaient de pratique, d’utile.

Vétéran, un des plus vieux arbres.

Bois d’oeuvre, celui qu’on met en oeuvre, qu’on travaille ; opposé au bois de chauffage.

Digitale, de doigt, plante ainsi nommée, à cause de la forme de sa corolle, qui ressemble à un doigtier.

Sève montante, celle qui monte des racines aux extrémités des branches ; opposée à sève descendante.

Au dépens, aux frais.



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Analyse des idées :


Distinguer les parties essentielles de ce texte.

Cette éducation en plein air est-elle profitable ?

Quelle est la faculté que le père cherchait à développer chez son élève ?

Que lui enseignait-il surtout dans ses promenades ?

Comment le récompensait-il ?

Les personnages de ce récit vous paraissent-ils intéressants ?



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